Le
baptême est un Sacrement qui opère dans la personne humaine qu’il atteint et
qui est disposée à recevoir le baptême par le point de vue de la foi, cinq
grands effets.
Notre
Seigneur Jésus Christ est la Personne du Verbe, Dieu et homme, se trouve
réellement présent dans chacun des Sacrements. Dans l’eucharistie Il est présent
par mode de substance : c’est donc l’être tout entier de Notre Seigneur
Jésus Christ qui se trouve présent dans le Sacrement de l’eucharistie. Dans
tous les autres Sacrements, le Verbe incarné se trouve présent de manière réelle,
mais par mode de participation.
La substance touche le point de
vue de l’essence même, la présence substantielle, personnelle, et la
participation touche le point de vue de la vie.
Chacun
des Sacrements est reçu par un mode de vie, la vie ayant un mode de perfection,
la vie spirituelle de l’homme rendant parfaite la nature humaine de l’homme, la
perfection est d’ordre spirituel.
Le
baptême réalise une participation de vie spirituelle à la vie de Jésus qui est
réelle. Cette réalité de la présence a cinq aspects :
1.
Le
premier effet est donc que la tache du péché originel est entièrement lavée.
Nous
sommes pardonnés du péché, entièrement justifiés, entièrement lavés du péché,
immaculisés. Du coup, le péché est remplacé par la grâce sanctifiante. Cette
grâce sanctifiante opère le fait qu’il y a une habitation de chacune des trois
Personnes de la Très Sainte Trinité dans notre âme.
Dieu
est présent en tout homme venant en ce monde sans qu’il y ait besoin de la grâce
du baptême. Premier mode de présence : à chaque fois que tu vois
quelqu’un, Dieu est présent, en raison de
son omniprésence. Deuxième mode de présence : il fait que tu existes et que tu es
suspendu à l’acte créateur de Dieu, Dieu te voit, Dieu te regarde, Dieu te
considère, Dieu t’aime, et c’est parce qu’il te voit et te regardes que tu
existes. Le fait que tu existes est le résultat du fait que Dieu te voit et te
regarde. Son regard contemplatif est si étonnant que du coup tu existes.
Dieu ne contemple que toi, Dieu ne regarde que toi, Dieu n’aime que toi, et
c’est pour cela que tu existes. Dieu est présent à toi par le seul fait que tu
existes par son acte créateur. Tu es suspendu à l’acte créateur de Dieu. Dieu
est présent en moi par présence d’immensité et en raison de son acte
créateur. Troisième mode de présence : Dieu est présent en moi en raison
de sa providence. Il m’a communiqué la vie, je suis à l’image et à la
ressemblance de Dieu et il me tient par la cause finale. Dans le centre de mon
âme le plus lointain, il y a cette espèce de voix de Dieu, de présence de Dieu
qui m’attire vers ma finalité éternelle.
Quatrième mode de
présence
:
le mode de présence de la grâce sanctifiante. Par la grâce sanctifiante, c’est la distinction des personnes de
la Très Sainte Trinité, chacune des trois Personnes, qui est
présente dans la partie la plus spirituelle de mon âme. C’est en tant que
Personne que le Verbe de Dieu est présent à mon âme qui vivifie mon
intelligence, donc le Verbe de Dieu est présent personnellement dans toutes mes
soifs de vérité. Le Saint Esprit est réellement présent dans toutes mes soifs
d’amour, je peux adorer le Saint Esprit en tant que subsistance personnelle
distincte du Père, distincte du Fils et procédant du Père et du Fils.
Le Père est personnellement présent en moi dans le fond de mon
âme, comme principe même de ma vitalité spirituelle vivifiée par la grâce
sanctifiante. C’est propre au baptême de faire que les trois Personnes de la Très
Sainte Trinité soient présentes et dans la substance de mon âme et dans mes
puissances : dans la puissance contemplative par le
Verbe, dans la puissance volitive,
affective spirituelle toute pure des soifs d’amour par l’Esprit Saint.
Je peux adorer chacune des trois Personnes divines distinctement dans mon âme
puisqu’elles y sont vraiment présentes et elles procèdent l’une de l’autre dans
ce lieu-là.
Le jour où je
commets un péché et que je perds la grâce sanctifiante, la présence personnelle
des trois Personnes n’y est plus sous le mode sous lequel il est présent par la
grâce sanctifiante. Je ne peux plus
retrouver Dieu que par l’adoration, que par la confiance dans sa providence.
2.
Deuxième
effet du baptême : la Très Sainte Trinite habite en nos âmes par la Grâce Sanctifiante.
La Très Sainte Trinité a besoin d’un substitut du mystère de
l’incarnation : le caractère. Le
baptême imprime dans mon âme une marque indélébile, indissoluble appelé le caractère.
La spiritualité
de mon âme donne le principal de sa forme à mon corps, elle lui donne sa
détermination.
La forme qu’a
mon corps vient de l’âme, et le
caractère spirituel de mon âme spirituelle donne à mon corps sa
détermination principale. Le caractère est reçu dans l’âme et il
donne une capacité, une puissance et un pouvoir nouveau : je peux quand je le veux, quelque soit la
circonstance dans laquelle je me trouve, si j’y mets toute ma force, toute mon
âme, toutes mes puissances, toute mon énergie, tout mon cœur et tout mon corps,
je peux poser des actes de foi, d’espérance et de charité théologales.
La foi de celui qui
n’est pas baptisé, qui n’a pas ce caractère, est humaine, religieuse, même si
elle est très forte et qu’elle va jusqu’à toucher Dieu et vivre de Dieu : mais
ce n’est pas encore une foi surnaturelle, théologale, ce n’est pas l’Onction
totale du Messie (qui fait que je suis entièrement à l’intérieur du Verbe de
Dieu et dans le sein du Père), et l’acte de foi posé se ramène à la vertu
naturelle de religion.
La vertu naturelle n’est pas à mépriser puisqu'elle nous
relie à Dieu, mais la vie chrétienne la fait exploser pour que je sois Dieu le Fils dans
Dieu le Père et brûlé par l’Esprit Saint dans l’acte de Foi, d’Espérance et de Charité
surnaturelles.
3.
Le
troisième effet du baptême est ce caractère du baptême, une nouvelle puissance,
un nouveau pouvoir
Cette nouvelle puissance, ce nouveau pouvoir vient se
surajouter à tous les pouvoirs naturels que j’ai déjà et qui fait que je peux
faire ce que ne peut pas faire celui qui n’a pas le caractère du baptême. Le
caractère me met en connexité immédiate avec Jésus dès que j’adhère à lui par
la foi, et cette connexité fait que ma foi peut devenir vivante et brûlante, et
donc je peux pénétrer en lui et vivre ce qu’il vit et lui peut vivre à travers
moi ce qu’il vit. Voilà, j’ai fait un acte de foi surnaturelle, ce qui est
impossible à celui qui n’a pas le caractère du baptême. Je peux faire cet acte
de foi quand je veux. Le
"caractère" est un habitus entitatif, un accident qui vient se
rajouter en moi en tant que puissance. Il est entitatif en ce sens qu’il
va plus loin que le point de vue même de notre substance. C’est donc un
accident sur lequel vient se greffer quelque chose qui dépasse notre substance
même.
4.
Le
quatrième effet du baptême fait de nous un membre vivant du Corps mystique de
Jésus.
Par le baptême, notre personne va du coup recevoir un statut
particulier. Ton corps fait partie substantiellement de ta personne, et par le
baptême, c’est toute ta personne qui est baptisée, plongée dans la construction
vivante du Corps mystique de l'Eglise.
5.
Le
cinquième aspect du baptême : notre corps est transplanté, incorporé, à
l’intérieur du corps mort et ressuscité du Christ.
En grec, baptême veut dire plongée : on t’a arraché de
la terre et on t’a plongé dans les eaux surabondantes de la vie éternelle et de
la grâce. Deuxième analogie : la transplantation sur la vigne. Tu es enté, tu
es transplanté dans le corps mort et ressuscité de Jésus. Le baptême fait que
tu es Fils de Dieu.
Je touche mon
corps et je sais que mon corps n’appartient plus à ce monde, qu’il est arraché
à ce lieu et qu’il est transplanté, il habite dans le corps mort et ressuscité
du Christ.
Mon lieu profond
s'établit là où Jésus dans son corps mort passe de l'instant de la mort à
l’instant de la résurrection. Je suis recueilli là en entier, mon corps est
dans son corps, transplanté, physiquement soudé au corps de Jésus qui passe
corporellement de l’instant de la mort à la résurrection.
Quand je suis baptisé, si je fais un jugement d’existence sur
moi-même, je sais que je suis planté dans ce passage corporel du Christ de sa
mort à sa résurrection.
Jésus nous incorpore à son humanité emportée dans
l’omniprésence et au-delà de l’omniprésence : Egersis et Anastasis
sont les deux mots grecs par lesquels le Nouveau Testament exprime la
résurrection du Christ (mais la traduction française ne fait pas la différence !
C’est le même mot : résurrection).
Ergesis : Jésus s’est levé d’entre les morts, il a habité tous les
lieux et tous les temps. Anastasis :
Jésus a fait sauter toutes les limites de tous les temps et de tous les lieux
et il rentre avec son corps dans la Procession du Père dans le Fils pour spirer
l’Esprit Saint, ce qui dépasse tout. L’Egersis
est le mystère de la prise de gloire de tous les temps et de tous les
lieux, l’Anastasis désigne
la résurrection où il spire l’Esprit Saint dans la Très Sainte Trinité.
Quand je regarde Jésus crucifié, quand je vois Jésus dans
l’eucharistie, je le rejoins en son corps mort et ressuscité. Quand j’adore
Jésus eucharistie, par le baptême, je sais que j’y suis établi physiquement
avec lui. Etant plongé là, par le baptême, je vis de la libération du Mal qui
est en Lui (l’eau, le sang et l’Esprit Saint, la plénitude de la grâce capitale
du Christ), et ses torrents d'eau vive jaillissent dans ma chair, déborde,
dégouline ensemble de notre communion vivante et incarnée. J’ai la grâce
sanctifiante, et quand cela déborde, je touche le Père, je touche le Verbe, je
touche l’Esprit Saint et ils habitent vraiment en moi : j’ai alors une
puissance pour aller encore plus loin dans cette sainteté, cette intimité avec
la personne divine : foi, espérance, charité.
Cinq aspects de cette unique présence réelle attendent notre
coopération avec le Seigneur.
L’essentiel
réside dans notre vie mystique; ceux qui ne peuvent pas vivre de ce Sacrement
parce qu’ils ne l’ont pas reçu, peuvent d'ailleurs vivre de ce fruit mystique
du Sacrement de baptême grâce à vous.
Pour faire oraison, je fais des actes de foi pour y pénétrer
absolument, dans toutes mes puissances, dans toutes mes consciences, dans
toutes mes lucidités, dans toutes mes énergies. J’étreins le corps de Dieu, je
rentre en lui, il rentre en moi, je vis ce qu’il vit : c’est le Verbe de Dieu
qui est face au Père qui vit en moi. Puis je recommence en faisant des actes d’espérance
: je demande à la Vierge Marie, à la plénitude de grâces, à toutes les grâces
sanctifiantes qui sont sorties des mains du Créateur depuis le début jusqu’à la
fin de la création du monde de pénétrer en moi, de m’imbiber, de se réfugier en
moi, de se concentrer en moi. Par l’acte de foi, je vais vers Jésus, tandis que
par l’acte d’espérance, c’est toute la vie divine qui pénètre en moi et je la
reçois.
Si pendant dix
minutes vous faites le plus possible d’actes de foi, d’espérance et de charité,
avec puissance parce que « le Royaume de Dieu appartient aux violents et ce
sont les violents qui s’en emparent », je vous assure que vous commencez à
presser la Res du Sacrement
du baptême.
La vie chrétienne se ramène à l’acquisition du Saint Esprit
dans l’oraison, pour que l’Esprit Saint transforme tout en vous. Cette union
transformante nous assimile totalement au Christ et à son Corps mystique tout
entier.
Elle s'épanouit dans la jouissance surabondante et libre des
sept dons du Saint Esprit. En lesquels nous pénétrons, avec la Res du Sacrement, par des
actes de foi, d’espérance et de charité, en voyant bien où notre chair a été transplantée.
Le baptême nous permet de faire des actes de vie théologale,
et au bout d’un certain temps, l’Esprit Saint a l’espace suffisant pour se
répandre, pour souffler au fond de nous.
‘’Quiconque veut être sauvé doit avant toute chose
embrasser et étreindre la foi catholique, et quiconque ne la conservera pas
totalement et inviolablement périra infailliblement pour l’éternité. La foi
catholique consiste à adorer un seul Dieu en trois Personnes et trois Personnes
en un seul Dieu, sans confondre les Personnes ni séparer la substance…en tout…on
doit adorer l’Unité dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité… ’’ (Extrait
du Symbole de Saint Athanase)
On me demande
souvent comment faire oraison.
Pour faire oraison, il faut s’arracher à l’esprit du monde et
rentrer dans le point de vue surnaturel. La foi n’est pas une opinion, une
idée, une interprétation humaine : c’est une révélation dans la compréhension
surnaturelle de Dieu sur les mondes. C’est la foi parfaitement immaculée,
fidèle et qui va jusqu’au bout, qui nous permet d’être sauvé.
Pour faire oraison, pourquoi n’apprendriez-vous pas par cœur
le Symbole de saint Athanase, pour le dire avec toute la puissance de saint
Athanase ?
Pour rentrer dans l’oraison, il faut faire des actes de foi,
et vous allez vous aider de l’acte de foi des saints. L’oraison démarre sur le plan d’une foi surnaturelle et
théologale, et l’Esprit Saint peut prendre le relais.
La foi catholique est la foi reçue des apôtres. Dans la foi,
nous ne protestons pas : nous adhérons à la foi, nous rentrons dedans, parce
que c’est Dieu qui est l’origine de la foi. Il l’a enseignée à son Eglise, le
Christ nous l’a enseignée par ses apôtres, et il n’a pas pu se tromper ni nous
tromper.
C’est
donc la foi qui justifie, et non le baptême. Le baptême ne justifie que lorsqu’il
est reçu dans la foi.
Quelqu’un
qui n’a pas la foi catholique explicite, qui n’en a jamais entendu parler, mais
qui aime Dieu, est ajusté, à cause de sa droiture, à une loi intérieure que
nous appelons la loi éternelle.
Cette
loi éternelle lui est donnée vers l’âge de 5, 6 ou 7 ans, de manière très forte
et très sensible, et il obéit à cette loi éternelle, cette loi d’amour qui
touche un point de vue d’éternité : on l’appelle quelquefois la loi de la
conscience.
Il
obéit à quelqu’un d’autre que lui-même dont il pressent, dont il entend le
mouvement, la motion dans sa vie intérieure et dans sa vie concrète. Il obéit à
quelque chose qui est au dessus de lui, et qui pourtant est en lui en même
temps. C’est une foi implicite, puisqu’il croit qu’il y a quelqu’un au dessus
de lui qui est son maître, qui est son Seigneur, qui le transcende et qui
s’occupe de lui, qui lui donne les indications, et il épouse cette providence.
Sa foi est surnaturelle et elle le justifie.
Tous,
nous recevons largement la grâce de la foi, que cela soit explicite ou
implicite. Mais c’est l’obéissance de la foi qui sauve : il faut que cette foi
soit vive, qu’elle soit incarnée.
On
ne reçoit pas le baptême pour soi mais aussi pour que les autres puissent être
plongés dans la grâce du baptême.
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